Remise en Jeux est un Atelier Chantier d’Insertion par l’Activité Économique situé sur le Pôle d’Éguilles depuis de nombreuses années. Remise en Jeux c’est une seconde vie pour vos jouets et une seconde chance pour leurs salariés. Remise en Jeux, c’est aussi une idée originale de Christian Blanc, directeur fondateur de l’association qui va tout nous expliquer de A à Z.
Interview
APAE : Bonjour Christian Blanc, avant de commencer, dites-nous quel est votre urgence ? Quelles compétences avez-vous besoin de placer, comment les entreprises d’Éguilles peuvent vous aider ?
Christian Blanc : Nous n’avons pas « d’urgence » à proprement parler, mais un besoin permanent de positionner des personnes en stage ou en emploi. Les salariés qui travaillent à Remise en Jeux sont chez nous pour préparer leur avenir, redéfinir leurs projets professionnels et lever leurs freins à l’emploi. A l’issue de leur parcours d’insertion le but est qu’ils accèdent à un emploi, à une formation qualifiante...
Les entreprises d’Éguilles peuvent nous aider à accueillir ces personnes en immersion professionnelle. Une convention permet de les mettre en stage pour des périodes d’une à plusieurs semaines. Ils continuent d’être rémunérés par Remise en Jeux.
Les entreprises en recherche de personnel peuvent également puiser dans le vivier de Remise en Jeux (une cinquantaine de personnes passent chaque année par le dispositif d’insertion). Certains profils peuvent intéresser les chefs d’entreprises.
APAE : Comment vous est venue cette idée de créer un chantier d’insertion autour de la rénovation du jouet, alors que l’idée même de l’économie circulaire n’en était qu’à ses prémices ?
ChB : Oui, c’est vrai !
En 2008/2009 lors de l’étude de faisabilité certains partenaires institutionnels étaient pour le moins réservés sur le projet. La vente de jouets de seconde main était loin de faire l’unanimité. Il a fallu convaincre. Le concept vient du Québec. Nos lointains « cousins » sont en avance sur nous sur toutes ces questions d’écocitoyenneté mais également sur le plan du travail social.
En ce qui me concerne, j’ai trouvé là un terrain qui associe mes compétences professionnelles de gestionnaire associatif (j’étais précédemment directeur de MJC) et ma passion pour l’univers des jeux et jouets (je crée de jeux depuis toujours).
APAE : Avant d’embaucher un collaborateur, j’imagine qu’il y a une sélection ? Quels sont vos critères ?
ChB : Il convient de distinguer deux catégories :
- Les personnels d’encadrement qui sont recrutés selon leurs compétences, leur expérience et leurs diplômes. Nous n’avons pas beaucoup de turn over, l’équipe est stable.
- Et les personnes en parcours d’insertion (prescrits par nos partenaires : Pôle Emploi, PLIE du Pays d’Aix, Cap Emploi, Mission Locale, etc). Pour ces derniers nous sommes en recrutement permanent puisque les personnes restent en moyenne de 12 à 18 mois au sein du dispositif.
Les critères : les personnes doivent être éligibles aux contrats d’insertion, prêtes et motivées pour s’engager dans un parcours de retour à l’emploi.
APAE : Quel est le parcours type d’une personne qui rentre dans votre structure ?
ChB : Il n’existe pas de parcours type. Chaque personne doit faire face à sa propre problématique et trouver des solutions. Il peut s’agir de problèmes de santé, de mobilité, de logement…Mais aussi de problèmes familiaux, financiers, de justice…
Il est indispensable de régler un certain nombre de freins périphériques à l’emploi, tout en travaillant sur le projet professionnel, les besoins en formation, la stratégie de retour à l’emploi.
Les salariés en parcours d’insertion sont soutenus et guidés par nos encadrants techniques sur la partie « travail » et par nos accompagnatrices sur la partie « sociale ».
APAE : Outre les techniques de rénovation des jouets, qu’apprend-on chez Remise en Jeux ?
ChB : L’activité de collecte, de recyclage et de vente de jouets, même si elle est très intéressante, n’est que le support. A travers l’activité les salariés en parcours d’insertion sont surtout là pour reprendre confiance en eux, retrouver un rythme de travail, évoluer au sein d’un collectif.
La plupart ont traversé des épreuves difficiles. Il peut dès lors s’agir de retravailler la posture, les savoirs de base, d’analyser les problèmes qui entravent l’accès à l’emploi, d’opérer un travail sur soi.
Dans un premier temps les personnes peuvent ainsi se poser, souffler un peu, faire le point, se confier. Ils sont accueillis avec respect et bienveillance. Ils sont écoutés, compris, soutenus. Par la suite ils vont mettre en place tous les moyens possibles afin d’évoluer et de cheminer vers un projet professionnel viable.
APAE : Et après Remise en Jeux, que se passe-t-il ?
ChB : 60% des personnes accueillies sortent du dispositif avec une solution. Il peut s’agir d’un retour à l’emploi durable (accès à un CDI ou à un CDD de plus de 6 mois) ; Il peut s’agir d’un retour à l’emploi de transition (CDD de moins de 6 mois, Intérim, ou accès à un autre contrat aidé) ; Certains aussi entrent en formation qualifiante ou certifiante ; Certains créent leur propre entreprise ; Enfin, 10% d’entre eux sont accompagnés vers un projet de départ à la retraite.
40% des personnes sortent sans solution immédiate, mais souvent en ayant réglées de nombreux problèmes. L’accès à l’emploi est différé de quelques mois mais la plupart finissent par trouver un poste grâce à la dynamique engagée à Remise en Jeux.
APAE : Qu’est-ce qui est le plus difficile dans votre activité, la paperasse, trouver des entreprises partenaires ou autre chose ?
ChB : Le côté institutionnel n’est pas facile. L’accès aux financements publics demande en contrepartie un énorme travail administratif, ponctué de contrôles permanents « avant, pendant, après ».
Le Chantier d’Insertion est une très lourde mécanique administrative…
APAE : Aujourd’hui Remise en Jeux c’est trois chantiers sur le département des Bouches-du-Rhône, comptez-vous ouvrir d’autres chantiers dans les départements limitrophes, dans toute la France ?
ChB : Remise en Jeux ne porte qu’un seul Chantier d’Insertion, même si nous avons deux établissements secondaires, l’un à Vitrolles et l’autre à Salon de Provence ; L’effectif compte 38 salariés dont 32 postes en insertion, localisés majoritairement sur Éguilles (qui est le siège social et le site de production).
La structure n’a pas vocation à s’étendre au-delà des territoires des Pays d’Aix, Salon et Étang de Berre, mais il existe une dizaine d’expériences similaires en France Métropolitaine.
Aujourd’hui nous sommes les seuls en PACA.
Show room de salon
Show room de Vitrolles
APAE : Récemment, vous avez passé un partenariat avec l’APAE, pourquoi ? Quels sont les éléments de ce partenariat et qu’en attendez-vous ?
ChB : Nous sommes adhérents de l’APAE depuis l’origine, mais effectivement le partenariat évolue, progresse. Nous souhaitons travailler plus régulièrement avec les entreprises du Pôle, que ce soit sur le plan de la mise en stage ou en emploi de nos salariés (vu en début d’interview), mais de façon plus large : La mutualisation de locaux, matériels, personnels / L’échanges d’expériences / Les visites d’entreprises / Les évènementiels communs / L’organisation de collectes de jouets pour les fêtes de fin d’année…
APAE : Pour quelles raisons soutenez-vous l’APAE depuis tant d'années ?
ChB: Par conviction. Même si nous sommes peu présents dans les actions et animations régulièrement menées, nous pensons que l’idée est formidable. Il est essentiel d’avoir un lieu d’échanges, de pouvoir se regrouper, se fédérer autour de projets communs (l’union fait la force).
La dynamique menée par l’association du Pôle apporte beaucoup à ses adhérents. Et puis le Président actuel, est quelqu’un d’extrêmement sympathique et fédérateur.
Le dirigeant en brefNom : BLANC Prénom : CHRISTIAN Age : 61 ans Né à : Aix en Provence Nom de la Société : Remise en Jeux Nombre de salarié : 38 (+3 accompagnatrices en prestation externe) |
Une bonne occasion de saisir les problématiques et les enjeux
concernant l'emploi dans ce type de structure.